LE 2ème ET LE 3ème REGIMENT DE CHASSEURS PARACHUTISTES
Avec les évadés de France et les volontaires en attente à Camberley , rejoints en mars et avril par les Compagnies de Chasseurs Parachutistes, il devient possible de créer le 1er juillet "le 1er Bataillon d'Infanterie de l'Air" avec 398 hommes.
Les anciens de Lybie formant
un groupe homogène sont amalgamés à des éléments épars dont l'histoire personnelle
est souvent rocambolesque. Dans le même temps, le recrutement du 3ème Bataillon
d'Infanterie de l'Air progresse . Celui-ci illustrant les rivalités politiques
entre chefs F.F.I. et ceux da l'Armée d'Afrique n'hésite pas à débaucher les
unités giraudistes d'Afrique du Nord, non sans quelques ennuis toutefois...
Le 6 juin, le 3ème B.I.A. prend naissance officiellement et rejoint l'Angleterre
le 7 novembre avec un effectif de 300 hommes.
Dans la nuit du 5 au 6 Juin 1944, quatre sticks SAS respectivement aux ordres
des Lieutenants Marienne, Déplante, Botella et Deschamps, embarquent à destination
de la France. Ils appartiennent au 4e B.I.A (ex 1er BIA). Les deux premières
équipes sont parachutées sur la région de Plumelec. Les deux autres en forêt
de Duault dans les Côtes d'Armor. Leur mission est d'établir des bases de guerilla
dont les noms de code sont respectivement Dingson et Samwest.
Si sur Samwest tout se passe bien, sur Dingson, le Stick Marienne est accroché
par l'ennemi (des russes blancs), le Caporal Bouétard est tué. IL EST LE PREMIER
SOLDAT ALLIÉ TOMBÉ DANS L'OPÉRATION DU 6 JUIN 1944 . Les trois radios sont faits
prisonniers. Dans la nuit du 6 au 7 Juin, 18 modules SAS sont parachutés sur
la Bretagne avec des missions de sabotages. Ces équipes doivent rejoindre les
bases une fois leurs actions accomplies. Aussitôt, la Résistance de Bretagne
se regroupe autour des parachutistes. L'ennemi connaît dès lors la terrible
guerre SAS qui lui a donné tant de mal en Afrique. L'insécurité règne et la
rage le gagne. Malheur au parachutiste qui tombe vivant entre ses mains !
Le 9 Juin au matin, la plupart du réseau ferroviaire est désorganisé et les
objectifs sont détruits à 90 %. Dans la nuit du 9 au 10 Juin, le reste du Régiment
est parachuté : une Compagnie aux ordres du Capitaine Leblond sur Samwest; le
Colonel Bourgoin, la Compagnie de Commandement et un peloton de jeeps sur Dingson.
Le P.C. des parachutistes est installé non loin du petit village de Saint-Marcel,
dans la ferme de la Nouet. Cet emplacement va devenir bientôt un haut lieu des
Parachutistes.
Pour l'heure, c'est Dingson qui va subir la pression ennemie. En effet, les
parachutages répétés, le regroupement de centaines de volontaires, les actions
de sabotage et les embuscades attirent l'attention du Commandement ennemi.
Le 11 Juin, une voiture allemande est attaquée non loin du P.C. français. Un
soldat parvient à s'enfuir et donne l'alerte. La bataille tant redoutée par
le Brigadier Général MacLéod, commandant de la SAS Brigade, ne pourra être évitée.
Le 12, la ferme est incendiée. Les parachutistes attaquent alors l'ennemi ;
celui-ci décroche, mais revient en force dans l'après-midi. La base de Samwest
doit être repliée sur Dingson.
C'est alors que la bataille
de Saint-Marcel va se déclencher. Dans la nuit du 17 au 18 Juin, 27 appareils
Stirlings, de la R.A.F., parachutent au-dessus de Saint-Marcel 600 containers
de munitions, d'armes et de logistique diverse. A l'aube, alors que le ramassage
des containers n'est même pas terminé, une patrouille de Feldgendarmerie atteint
la D.Z. L'engagement est immédiat. Dès 8 heures, d'importantes forces ennemies
attaquent. D'abord rejetées sur le périmètre ouest, elles attaquent au sud et
sont contenues jusqu'à la nuit. Dans la journée, la chasse aérienne alliée intervient,
mais sans succès marquant. A 21 heures, l'infiltration ennemie parvient à moins
de 200m du P.C. français. Dingson doit à son tour être abandonnée malgré le
courage et la détermination de ses défenseurs.
Dans la nuit, sous une pluie violente, les SAS et les maquisards se replient,
tandis que le Capitaine Puech-Samson, bien que blessé, assure la protection
du repli, fait sauter le dépôt de munitions et s'enfonce à son tour dans la
nuit. Les ordres sont très simples : Taisez-vous et cachez-vous pendant dix
jours, puis reprise des sabotages !.
Pendant tout le mois de
Juillet, les paras S.A.S. mènent une vie de coureurs des bois. Tantôt, ils attaquent
brutalement et se replient, tantôt ils se terrent pour mieux intervenir lors
d'une occasion favorable. L'ennemi et les miliciens sont au comble de l'exaspération.
Ils torturent et tuent tous ceux qui sont suspects. Le 12 Juillet, agissant
par ruse, un groupe de Feldgendarmes accompagnés par des miliciens s'infiltre
jusqu'au P.C. du Lieutenant Marienne où les hommes et les fermiers sont abattus
à la mitraillette puis atrocement mutilés. Enfin, lorsque le 3 Août, les blindés
US du Général Patton atteignent Rennes, ils font cesser les odieux massacres.
Le 4ème B.I.A., devenu 2ème R.C.P., a perdu 23 Officiers et 175 Hommes sur 50
Officiers et 500 Hommes. Leur mission est remplie au-delà de toute espérance.
Une nouvelle page s'ouvre alors pour les S.A.S. et désormais ce sont les deux
Régiments (2ème et 3ème R.C. P.) qui vont entrer en action.
L'étirement du front de
Normandie, fait que les Armées Alliées ont un flanc droit très vulnérable. De
plus, d'importants renforts ennemis peuvent, se déplaçant du Sud-Ouest, venir
se jeter sur ce flanc. Les SAS devront couvrir ce point faible avec l'appui
de l'aviation tactique. Tandis que le 2ème R.C. P. formé en unité portée sur
jeeps, continue son action en Bretagne et sur la Loire, le 3ème R.C.P. se lance
sur un axe ouest-centre et libère la Vendée, le Maine et Loir, la Vienne, la
Saône et Loire, la Corrèze et la Creuse, en liaison avec le dispositif allié.
Mais les SAS sont toujours en avant-garde, menant une guerre éclair au moyen
des fameuses jeeps armées (2 mitrailleuses vickers, 1 usil-mitrailleur., parfois
un bazooka).
A Sennecey le Grand, en Bourgogne, le Capitaine de Roquebrune et 4 jeeps attaquent plus de 3.000 allemands qui stationnent dans les rues de la ville. Partout, le feu cloue des centaines d'ennemis. Arrivant à la sortie de la petite ville, les jeeps font demi-tour et repassent sur leur itinéraire, afin d'éviter un convoi ennemi qui approche. C'est alors que l'irréparable se produit, les camions incendiés et les corps couchés en travers des rues gênent le passage des jeeps. Les SAS doivent, dans un enfer de flammes et de rafales, se dégager au corps à corps. Seuls trois d'entre eux parviennent, blessés, à se dégager.
Le combat SAS a parfois des conclusions imprévues. A Montceau les Mines, un groupe de parachutistes et une poignée de F.F.I., font croire à des forces ennemies très supérieures en nombre que l'effectif d'une Division les encercle. Aussitôt, ils récupèrent 500 prisonniers, des chars et des canons. A la fin de la campagne, le 3ème R.C.P. a perdu 80 des siens sur un effectif de 400 hommes. Il a à son actif 5.500 ennemis mis hors de combat, 1.400 prisonniers environ et 382 véhicules divers.
A Noël 1944, les parachutistes
S.A.S., opèrent dans les. Ardennes, dans le cadre de la contre-offensive de
l'opération Von Runstedt. Les hommes du 2ème R.C.P. livrent la chasse aux commandos
de Skorzeny.
Depuis Août, les survivants du 2ème R.C.P. ont reçu en hommage du Roi Georges
V le droit au port du béret lie de vin.
Ils lancent également des patrouilles dans la coupure que l'ennemi a pratiqué
dans la ligne du 8e Corps U.S.
En Février 1945, les deux
Régiments regroupés en Angleterre. Les renforts sont à l'entraînement, car chez
les " anciens ", les rangs ont été considérablement creusés. En Avril 1945,
les parachutistes S.A.S français vont aller donner à l'ennemi un dernier coup
de poignard.
Au cours d'une opération baptisée "Amberst" débutée le 7 avril dans la nuit
et qui se termina le 13 avril, trois semaines avant la capitulation définitive
de l'ennemi, 51 "sticks" S.A.S. (12 hommes), opérant dans un carré de 60 km
de côté environ, sautant dans le nord de la Hollande, désorganisèrent des forces
considérables, par des actions de harcèlement, d'attaques de P.C, de sabotages
de points sensibles et de destructions de ponts et de voies de communication.
Les avions, venant de Grande-Bretagne, guidés sur les zones par radar, des mannequins
furent largués pour faire diversion. Les S.A.S. auront, entre autres, permis
la capture de la 6ème Division de Fallschirrmjägers. Churchill voulut minimiser
l'action des Français ; ce à quoi Montgommery lui répondit: Si l'on accorde
aux Français la seule place qu'ils méritent, elle sera déjà bien lourde dans
le plateau de la Victoire !
Le 15 Août 1945, les 2 Régiments S.A.S. sont transférés à l'Armée de Terre. Ils vont bientôt fusionner pour former un unique 2ème R.C.P. qui s'installe à Tarbes. Le 2 Octobre, le Brigadier Général Calvert les visite et leur remet leurs fanions ainsi qu'un chapeau de Napoléon et un deWellington, signe de l'amitié et de la fraternité d'armes.
Demain, pour certains d'entre eux, ce sera l'Indochine. Pour d'autre, la routine d'une vie calme reviendra après le reclassement espéré. D'autres encore reprendront leur sac et leur béret rouge. Mais tous resteront à jamais les hommes de la Liberté venus redonner à leur pays l'élément principal de sa devise au moment où tout semblait chanceler, s'écrouler.
Qui ose gagne !