LE CANAL DE SUEZ

Le 5 novembre, à sept heures, le colonel Chateau-Jobert saute au sud de Port-Saïd à la tête de 487 paras du 2ème RPC et d'un commando du 11ème Choc. Il a pour mission de s'emparer dans un premier temps d'un pont jumelé rail-route qui ouvre la route de Suez, ensuite de l'usine des eaux qui alimente les 200 000 habitants de Suez.
Il faut plusieurs heures aux parachutistes pour se rendre maîtres du pont, bien défendu par des mortiers, des mitrailleuses et des canons. C'est la 1" Compagnie du capitaine Engels qui réussit à l'occuper la première. De son avion P.C. qui croise au-dessus du pont à 400 m d'altitude, le général Gilles adresse ses félicitations aux " Bérets rouges " qui s'élancent déjà à l'assaut de l'objectif suivant, l'usine des eaux. A trois heures de l'après-midi, le colonel Chateau-Jobert installe son P.C. dans la villa du directeur de l'usine. Pendant ce temps, les parachutistes britanniques, qui ont sauté sur l'aéroport de Gamile, parviennent dans les faubourgs de Port-Saïd.

Surpris, les Egyptiens ont presque partout opposé une résistance négligeable. A son atterrissage, le 1er RCP n'a trouvé que des soldats qui fuyaient les Français largués au sud de Port-Saïd. Le mardi 6, à l'aube, les troupes françaises et britanniques débarquent à Port-Saïd.

Après avoir neutralisé de nombreux tireurs embusqués, elles font leur jonction dans la matinée. Une colonne mixte franchit le pont jumelé au début de l'après-midi et progresse vers le sud sans rencontrer d'opposition sérieuse. La route du Caire est ouverte. Réunis à l'usine des eaux, tous les chefs attendent les ordres. C'est l'annonce du cessez-le-feu qui leur parvient ; il est fixé à 1 h 59 le lendemain matin. La polique en a décidé ainsi. La colonne s'arrêtera, sur la rive africaine du canal, au kilomètre 37, stoppant ainsi sa progression en direction d'IsmaÏlia, à 8o krn de Port-Saïd. Les chefs des paras alliés, Massu pour les Français, Butler pour les Britanniques, se sont inclinés.